Depuis les années 1960, la cartographie radicale a largement remis en question la nature de la carte comme un instrument de lecture “objective” du monde, en affirmant son caractère contextuel, subjectif et éminemment politique. Pendant longtemps, la carte fut considérée comme un outil de mesure ayant pour but de représenter les territoires avec un souci de neutralité scientifique, affranchie de toute position dogmatique. Pourtant, comme tout outil de représentation, elle porte non seulement le choix des informations qu’elle recèle mais aussi la possibilité de leur interprétation. Tout.e cartographe, en toute objectivité, n’est que le témoin de son époque et utilise la carte comme outil de communication. Tout pouvoir, en toute subjectivité, utilise la carte pour organiser son contrôle du territoire.
Représenter l’organisation du monde n’a rien d’anodin et les artistes de tout temps se sont confronté.es à la construction de ces images, au sens propre comme au figuré par leur approche sensible des territoires et des frontières. Les artistes réunis dans l’exposition “Les Territoires et la carte” renversent les termes du sujet, naviguant dans leurs représentations grâce à des cartes de lieux réels et fantasmés, par l’exploration physique qu’ielles en font, se confrontant aux obstacles visibles et invisibles du passé et de l’aménagement de nos environnements, prélevant la matière même des lieux. Ielles abandonnent l’approche ordonnateur du cartographe-démiurge, en traversant ses légendes et aplats de couleur pour faire de la carte un terrain de rencontres.
Avec Malala Andrialavidrazana, Etienne Defrance, Hugo Deverchère, Ilanit Illouz, Stalker