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2010
Centre Photographique d’Ile-de-France
Installation photographique et sonore.
3 à 5 caissons lumineux,
impressions numériques sur transparents
3 enregistrements sonores, 3 casques.
Texte : Vincent Thomasset.
Pièce élaborée en résidence au Centre Photographique d’Ile-de-France (2010).
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Cette installation propose au spectateur de regarder des images tout en écoutant un texte.
Dans un premier temps, je demande à Vincent Thomasset, auteur, de m’accompagner au cours d’une marche nocturne dans le bois de Vincennes. Je lui demande a posteriori d’écrire un texte qui accompagnera les photographies prises «à l’aveugle». L’utilisation d’une pellicule infrarouge permet en effet de travailler dans l’obscurité. La dominante bleue donne à ces images un aspect pictural, ajoute un caractère énigmatique à cet univers à la fois familier et fantastique du bois de Vincennes.
Dans un deuxième temps, le texte est enregistré par trois personnes (un enfant, une femme, un homme). Il génère un en- semble d’images mentales oscillant entre description documentaire et fiction.
Tu l’as vu ? Tu l’as vu tu l’as revu ?
Tu l’as revu tu l’as revu. Tu l’as revu.
Il a fallu sortir... De l’appartement, du couloir, dans la rue. Les gens marchent, à l’extérieur, dehors, c’est une habitude... Après avoir
marché, croisé les gens, les têtes des gens, dans la rue, avec les voitures, ... et les chevaux, des gens sur les chevaux et des vestes noires, des chapeaux, et des pantalons bleus, avec une rayure noire... Ça, c’était au début, c’était le début.
Bref.
Il y avait trop de gens dans la rue, trop de gens... Au milieu d’eux... Des visages... Il y a eu un éclair, oh la la, une idée, l’idée est arrivée,
ce jour là, après l’appartement les rutes et les roues, les rues et les routes, au niveau du rond-point, le système, l’idée d’un système logique est apparu : marcher et puis tourner à droite, et puis tourner à gauche, et puis tourner à droite, et puis à gauche, et puis à droite, et à gauche
et cætera et et cætera.
Si c’était une histoire pour enfants, il y aurait des cailloux sur le chemin.
Bref, le temps passe... Les paysages... D’abord la ville, le gris, et puis le vert remplace le gris, enfin pas complètement, le vert et le marron, plus le gris, se complètent... Jusqu’à... L’orée du bois. C’est le moment où - la nuit fait peur - le moment où, mine de rien, les protagonistes arrivent « à l’orée du bois ». Heureusement, malgré la nuit, il est encore possible... De discerner... Le chemin... Le goudron et la rivière.
A « l’orée du bois » ils réalisèrent, il réalise, à l’orée, ils réalisaient, que les évènements, ce qui arrivait, était la suite logique
de ce qui avait précédé.
« Tu l’as bien cherché.»
« A présent... »
« A partir de là... »
« Depuis ce moment là »... Je pense aux chats.
Les chats sont nombreux, ils traversent la route. Après avoir traversé la route...
Ils traversent la route. Une horde de chats, c’est impressionnant. Le groupe de chats, la horde, vient de traverser... Non, ça n’est pas une hallucination. Non, pas du tout. Les canards font du bruit, il y a des canards, et puis, je me retourne, et les chats, la horde de chats, les chats traversent... Ils ont traversé.
Malgré le silence, « le silence des chats », ça n’était pas prévu, malgré leur traversée, mais surtout leur nombre et le silence, ils sont nombreux, peut-être quatorze, ça n’est pas important... Malgré leur nombre et le silence... C’est peut-être à cause de ça... A ce moment là... A priori... Les canards... Le bruit des canards a disparu.
Dans un mariage, au moment du discours...
A la fin d’un match, avant les applaudissements...
Malgré le bruit du train, les gens dorment...
Bon.
Dans un mariage, avant les applaudissements, malgré le bruit du train...
Ça, c’était le début, la première fois. La deuxième fois il fait jour.
Près du toboggan..
C’est un peu compliqué.
Après avoir tenté,
De retourner,
En tout cas, atteindre l’endroit où, la veille... Il a fallu tomber sur le banc.
Le jour d’après, il y a des hommes avec des chaussures, des shorts et des t-shirts, sur le banc, ils ne sont pas loin des enfants. Les enfants
jouent, forcément, ils sont dans le parc. A l’intérieur du parc, les grillages, des enfants jouent, alors que les sportifs, ce sont des sportifs, à la fois, se confondent avec le banc, mais surtout, font des mouvements, ou en tous cas, prennent des positions, qui de loin, se confondent avec les grillages, le sable, le toboggan et les enfants. Le troisième jour, en marchant,
« Nos chemins se sont croisés...» « A l’abri des regards »
« C’était il y a »
« Au commencement... »
« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants...»
C’est la fin de l’histoire, elle vient de commencer.
C’est à ce moment là, après avoir marché, à nouveau... Les protagonistes... sont tombés.
Assise, sur le goudron, tu fermes les yeux, et les retours en arrière - les flashbacks - si tu étais dans un film, s’enchaînent, tu les vois, ils
reviennent, c’est le début. La nuit tombe... La nuit tomba.
Tu regardes par terre, je regarde par terre, le goudron est rose. Malgré la nuit, c’est un parc, un terrain de tennis, le goudron est rose, et le
grillage est vert. Ce qui a précédé, finalement, le bois... « A l’orée du bois... » Le jour d’avant, les évènements se sont précipités, les canards se sont tus, grâce au silence des chats. Bref, au milieu des flashbacks, tu réalises que forcément, assise par terre, le goudron paraît moins lisse, et le terrain plus grand.
Le temps a passé, autour du terrain il y a de l’herbe, c’est comme les lacs, dans un lac la nuit, la nature inquiète, alors assise au milieu du terrain, finalement, le goudron paraît plus confortable.
Après avoir tourné autour du pot, raconté des histoires, après avoir feint la perte, emprunté des chemins détournés, c’était le moment où, il fallait se rendre à l’évidence. Evidemment, il faisait froid, et dans la nuit, au milieu du parc, c’est le moment où...
« Il faut revenir. »
« Je reviendrai accompagnée. »
« Ça n’est pas un endroit sûr. »
« Je suis allée trop loin. »
En tout cas, il a fallu marcher longtemps, traverser des rues, longer des immeubles, et passer devant des magasins. Sur le chemin du retour, en arrivant, au bord de la maison il y a un trottoir. Mais ça, tu t’en apercevras plus tard.